Bruxelles propose que les camions réduisent leurs émissions de CO2 de 90% en 2040

Ce seuil, qui devra encore être négocié avec les États membres (le Conseil) et avec le Parlement européen, implique que les constructeurs devront atteindre les objectifs moyens pour l’ensemble de leur flotte.

La proposition est complétée avec l’objectif que tous les bus interurbains commercialisés dans l’UE à partir de 2030 soient à zéro émission, mais pas ceux qui desservent les zones rurales, qui auront le même traitement que les camions.

« C’est ambitieux, mais c’est tout à fait possible », a déclaré Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne pour le Green Deal, lors d’une conférence de presse.

Les nouvelles normes proposées par Bruxelles arrivent dans le débat politique européen après que l’UE a établi qu’à partir de 2035, seules les nouvelles voitures et camionnettes à zéro émission pourront être commercialisées sur son territoire, malgré le fait que la Commission estime que d’ici 2050 20% de la flotte circulera toujours avec un moteur à combustion.

En plus de contribuer à freiner le changement climatique, à améliorer la qualité de l’air et la santé des Européens, les propositions sur le transport routier lourd « auront un impact positif sur la transition énergétique, en réduisant la demande de combustibles fossiles importés et en améliorant les économies d’énergie et l’efficacité dans le secteur des transports de l’UE », a déclaré l’exécutif communautaire dans un communiqué.

La Commission, qui se définit comme technologiquement neutre, n’indique pas si les nouveaux moteurs pour les poids lourds doivent être électriques ou à hydrogène, mais elle considère qu’un cadre juridique « clair » aidera l’UE à conserver son leadership mondial dans le segment des camions.

« Les règles révisées fournissent un signal clair et à long terme pour guider les investissements de l’industrie de l’UE dans les technologies innovantes à zéro émission et stimuler le déploiement des infrastructures de recharge et de ravitaillement », note la Commission.

Les camions et autobus urbains et longue distance couverts par la nouvelle proposition de la Commission sont responsables de 25 % des gaz à effet de serre de l’UE et de 6 % des émissions totales du transport routier, bien qu’ils ne représentent que 2 % du parc de véhicules.

Ses émissions ont d’ailleurs continué d’augmenter depuis 2014, contrairement à l’économie dans son ensemble, principalement en raison de l’augmentation du transit de marchandises par la route, qui devrait continuer à augmenter.

La durée de vie moyenne des camions, 18 ans, implique qu’il y aura encore des poids lourds polluants en 2050, tout comme les voitures. Mais les moteurs diesel et à essence auront tendance à disparaître.

En parallèle, les institutions communautaires négocient la réglementation sur les infrastructures de recharge et les carburants alternatifs, avec pour objectif d’installer des bornes de recharge et de ravitaillement à intervalles réguliers sur les grands axes routiers : tous les 60 kilomètres pour la recharge électrique et tous les 150 kilomètres pour l’hydrogène.

Dans une conversation avec des journalistes, le président de la commission de l’environnement du Parlement européen, le libéral français Pascal Canfin, a prédit qu’il y aura un « large » soutien parlementaire à la décarbonation des bus d’ici 2030.

Concernant les camions, Canfin a souligné que les camions zéro émission ont actuellement une part de marché inférieure à 1 %, donc bien qu’il préconise personnellement d’atteindre 100 % d’ici 2040, il considère que « même 90 % est une révolution ».

« La prochaine chose que nous devrons probablement faire, c’est opter pour les deux-roues » car « il n’y a aucune raison de ne pas avoir de législation » pour ce type de véhicule, a-t-il déclaré.